dimanche 7 septembre 2008

Conférence de presse du PCA de la Maison de la Presse du Niger tenue le samedi 06 septembre 2008, au siège de l’ANEPI, à Niamey


Boubacar Diallo - Anepi- 07-08-09
dimanche 7 septembre 2008
« Les non-dits de l’algarade télévisée de Ben Omar »

Mesdames et Messieurs les membres du C.A de la maison de la Presse, Mesdames et Messieurs les responsables des organisations socioprofessionnelles, Chers confrères et consoeurs, Les organisations socioprofessionnelles des médias membres de la Maison de la Presse ont convoqué cette conférence de presse, consécutive à la sortie télévisée en date du jeudi 04 septembre 2008 du Ministre de la Communication porte-parole du Gouvernement, M. Mohamed Ben Omar, pour deux raisons essentielles :il s’agit d’une part d’éclairer l’opinion nationale sur les non-dits de cette algarade télévisée de la tutelle ; d’autre part de dépolluer le débat sur les problèmes qui assaillent les secteurs public et privé de la communication.

Répondant à une question de notre confrère Mohamed Fima sur la fermeture de la radiotélévision Dounia, M. Ben Omar, dans un hors sujet inqualifiable, s’est attaqué avec une haine à peine contenue, aux organisations membres de la Maison de la Presse et à son PCA. Je ne vais pas m’appesantir sur les attaques personnelles dont j’ai été victime, car pour moi, c’est une façon très maladroite de vouloir noyer le poisson, en réduisant les problèmes de tout un secteur de l’État à un problème de personne ; c’est également une manière malhabile de détourner l’attention des autres membres du Gouvernement, du Premier ministre et du Président de la République sur les vrais problèmes du ministère de la communication et les fausses solutions que tente de leur apporter Mohamed Ben Omar.

Les problèmes il y a en a, malheureusement : avant-hier la Maison de la Presse a été fermée sans motifs valables ; hier le SAINFO a menacé de débrayer à deux reprises devant l’incapacité du Ministre de résoudre certaines revendications légitimes ; aujourd’hui l’ANP est agonisante, faute d’initiative nationale ; demain les organisations socioprofessionnelles des médias et la Maison de la Presse seront dissoutes ; après demain …c’est l’incertitude !!!

Après analyse, on se rend à l’évidence compte, que le secteur de la communication est en crise voire en danger, parce qu’il est tout simplement à l’abandon – pour ne pas dire qu’il y a vacance de poste. Et pour cause : on constate lamentablement que le Ministre Ben Omar a toujours eu tendance à privilégier le volet porte-parole de son portefeuille au détriment de la communication. Je rappelle, à toute fin utile, qu’il est ministre de la communication, porte parole du gouvernement. Et là encore, il y a lieu de se demander s’il porte toujours et en toute circonstance la parole du Gouvernement ?

Face à cette situation, nous avons décidé de sonner le tocsin, pour que demain l’Histoire – et non la géographie – ne nous interpelle pas pour non assistance à secteur en danger. Revenons aux non-dits de l’intervention de Ben Omar : il confirme dans un passage qu’il a reçu une lettre du PCA de la Maison de la Presse datée du 12 août 2008. Mais, il a omis d’informer l’opinion pourquoi il n’a jamais répondu à ladite lettre.

De quoi s’agit-il ?

- Le 30 juin 2008, par un communiqué signé par le Ministre de la communication, le gouvernement a décidé de fermer la Maison de la Presse pour trois raisons officielles :

1. Il a été constaté des comportements peu orthodoxes dans la gestion de la Maison de la Presse, sans toutefois les préciser ; 2. La Maison de la Presse, émanation de la volonté politique du PR, est entrain d’être détournée de sa mission originelle ; 3. La Maison de la Presse est prise en otage par des groupes d’intérêts extérieurs aux desseins inavoués, notamment français et américains. Dans une déclaration en date du 02 juillet 2008, les organisations membres de la Maison de la presse ont déconstruit, brique par brique, ce mur de contrevérités érigé par Ben Omar pour justifier la fermeture de la Maison de la Presse.

- Les 07 et 09 juillet, nous avons rencontré respectivement le Directeur de cabinet du PM et le Président du CSC au sujet de la fermeture de la Maison de la Presse. Stupeur : le Président du CSC nous apprend qu’il a été informé de la fermeture par une tierce personne. Nous avons entrepris d’autres démarches informelles, pour aboutir aux mêmes constats : « nous avons appris la fermeture à la télévision » ; « nous n’avons pas été associé à la décision » etc. Conclusion de nos investigations : la fermeture de la Maison de la Presse a été décidée par un cercle autour de Ben Omar, avec bien sûr la complicité active de certains confrères du secteur public et privé. Qu’à cela ne tienne, au moment opportun, nous allons citer des noms…

Au cours de la même rencontre du 07 juillet, le Président du CSC a proposé d’offrir ses bons offices pour « rapprocher les points de vue entre la Maison de la Presse et le Ministère de la Communication. »

- Le 19 juillet, à l’initiative du CSC, une rencontre a réuni les responsables de la Maison de la Presse et ceux du ministère. D’entrée de jeu, le médiateur a donné la parole au Ministre de la communication afin qu’il donne « les vrais raisons » de la fermeture de la Maison de la Presse. Ce qui suppose a priori que les raisons invoquées dans le communiqué du 30 juin, signé par le même Ministre, sont ….fausses !!!

Qu’est-ce qu’on entendu quand le ministre a pris la parole ? Le gouvernement a fermé la Maison de la Presse, cette fois-ci, pour les raisons suivantes :

1. Le Gouvernement ne peut pas accepter que des ONG étrangères s’ingèrent dans la gestion quotidienne de la Maison de la Presse ; 2. L’ANEPI ainsi que toute association patronale ne doivent pas être membres de la Maison de la Presse ; 3. L’État doit siéger au Conseil d’Administration de la Maison de la Presse avec deux représentants : un (1) provenant du ministère de la Communication et un (1) du CSC 4. Le collège électoral de la Maison de la Presse doit être redéfini afin que les journalistes y soient représentés à titre individuel

Comparez ces raisons avec les précédentes, et vous allez réaliser de vous-mêmes la duplicité de notre tutelle. Nous avons apporté, séance tenante, des éléments de réponse à ces nouvelles vraies raisons :

1. Il n y a pas association étrangère à la Maison de la Presse : il n’y a que des associations de droit nigérien ; 2. La Maison de la Presse a été créée sur une base confraternelle ; 3. L’État n’étant pas membre de la maison de la presse, il ne peut pas siéger au CA ; 4. Selon les statuts, seules les personnes morales peuvent être membres de la Maison de la Presse.

Le Ministre Ben Omar rebondit sur ce dernier point pour dire : « en réalité la pomme discorde entre nous ce sont vos statuts : ils doivent être changés dans le fonds et dans la forme » Il nous propose de réviser lesdits statuts pour exclure toutes les associations et laisser la place aux journalistes ; et le Ministère va superviser la mise en place d’un nouveau conseil d’administration et d’un nouveau bureau. Nous avons rétorqué que la révision des statuts ne relève pas de la compétence du Bureau encore du Conseil d’administration ; mais plutôt de l’Assemblée, dans les conditions prévues à l’article …des statuts.

Face à cette impasse, le Président du CSC a proposé au bureau de la Maison de la Presse de soumettre « les revendications du Gouvernement » aux instances compétentes. Ce qui fut fait.

Un Conseil d’Administration extraordinaire a été convoqué le 29 juillet 2008 et une Assemblée Générale extraordinaire a été également convoquée le 10 août 2008.

Il ressort de ces instances les décisions ci après :

Après un examen minutieux de la situation, les quatorze (14) organisations membres de la Maison de la Presse ont décidé à l’unanimité de :

* Rejeter catégoriquement les propositions des autorités visant à modifier les statuts, la composition et le fonctionnement de la Maison de la Presse ; * Les organisations membres ont unanimement réaffirmé leur attachement à l’indépendance et aux principes fondateurs de la Maison de la Presse ; au droit à la liberté d’association ; à la solidarité entre toutes les organisations socioprofessionnelles des médias.

- Le 11 août 2008, le PCA a écrit au Président du CSC et au Ministre de la Communication pour les informer de la décision des instances de la Maison de la Presse. Par précaution, nous avons mis en ampliation les cabinets du PR, du PM, du Ministre d’État et du Ministre de la Justice. Nous avons procédé de la sorte parce que nous nous sommes rendus compte que les plus hautes autorités de l’État sont désinformées sur le dossier de la Maison de la Presse. Depuis que nous avons transmis cette lettre aux premiers responsables de l’Etat, c’est le désarroi total et complet dans les rangs des colporteurs et des bonimenteurs de tout acabit. Toutes leurs manœuvres de bas étage sont tombées comme un château de cartes : il faut chercher à renoyer le poisson, en mettant en avant cette fois-ci des problèmes de personnes. Et on a entendu par ci, par là : « le PCA de la Maison de la Presse ne prend pas la tutelle au sérieux ! le PCA ne respecte pas les institutions ! le PCA est un géographe ! le PCA n’a même pas la carte de presse !!! Quel rapport avec les vrais problèmes du secteur de la communication dont j’évoquais tantôt, et qui attendent des solutions appropriées et urgentes de la part du ministre Ben Omar ?

Aujourd’hui, visiblement, la fermeture de la Maison de la Presse est devenue une épine dans les pieds du Ministre Ben Omar ; et chaque fois qu’il veut se mouvoir elle le pique si mal au point de tenir des propos du genre : « je vais écrire au Ministre de l’Intérieur pour lui demander de dissoudre toutes les associations socioprofessionnelles des médias et la Maison de la Presse. »

La question qui me hante est la suivante : si tous les ministres peuvent se lever un beau jour et demander à leur homologue de l’Intérieur de dissoudre toutes les associations, tous les syndicats et toutes les ONG de leurs départements respectifs, je me demande dans quel pays nous sommes ? Dans quelle République nous sommes ? Dans quelle démocratie nous sommes ? Il y a lieu de s’inquiéter, car nous sommes tous en insécurité juridique !!!

Heureusement que nous ne sommes pas encore là ! Et je suis convaincu que le Ministre d’État chargé de l’Intérieur et de la sécurité publique, qui a la réputation d’être une personnalité lucide, ne va pas suivre Ben Omar dans cette nouvelle aventure.

Boubacar Diallo
07 Septembre 2008
Source : Anepi

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